Pour faire plaisir à ma femme qui fêtait ses 50 ans, j’ai accepté de l’accompagner à Medjugorje... Mais à une condition quand même : que ce soit pour moi du tourisme-détente-repos...
Elle préférait aller à Medjugorje plutôt qu’à une semaine de vacances. Alors, tant pis, allons-y, je me devais de lui faire plaisir pour son anniversaire...
On est donc parti le matin de Belgique.
Dans le car, prières, chapelets, intentions, ça n’arrêtait pas... Heureusement, j’avais des mots-croisés pour 4 jours, que j’ai épuisés sur une journée...
Arrivés deux jours plus tard : ouf, nous voilà tranquilles !!!! Eh bien non ! Nous partons tout de suite pour la croix bleue.
Puis le lendemain matin de bonne heure, montée de la colline du Krizevac... ! Ce que j’ignorais c’est qu’il y avait un chemin de croix. C’est reparti pour les prières à répétition pendant 14 stations. Mon travail à moi a été d’aider ma femme pour éviter qu’elle se fasse mal sur ces cailloux... Sans avoir dit une seule prière, cela a été finalement un vrai chemin de croix pour moi ! Pour redescendre, mon chemin de croix était encore pire, de peur pour ma femme... Arrivé en bas, j’étais heureux mais interpellé par le fait de voir des gens que je jugeais incapables de voir des gens que je jugeais incapables ou complètement fous de monter ça, seuls et sans précaution... Pas le moindre bobo et heureux en plus...
Mercredi, une visite intéressante d’un Centre pour drogués, le Cénacle !
Après-midi, nous partons rapidement pour être bien placés dans l’église du père Jozo. C’était le prêtre de Medjugorje au moment des apparitions et qui pour cela a fait 18 mois de prison. Là, des choses bizarres se passaient : des gens tombaient à la renverse sans se faire mal. Je dois dire que les paroles du prêtre, que je n’écoutais pourtant pas, trouvaient le moyen de m’aller droit au cœur. J’avais même l’impression qu’il s’adressait directement à moi...
Tout cela est quand même difficile à expliquer pour quelqu’un comme moi qui ne voulais pas se laisser influencer...
Je terminerais la première phase de mon récit en vous expliquant que, pour la première partie de ce voyage, j’avais trouvé des explications à tout. Mais ce qui m’étonnais c’était de sentir ce havre de paix qu’est Medjugorje à l’écart du monde.
Jeudi, c’est ici que commence quelque chose pour laquelle je n’étais pas préparé.
Déjeuner, puis visite sur la tombe du père Slavko. Comme d’habitude, j’étais toujours le dernier. Arrivé au cimetière, j’ai été attiré, pour ne pas dire stoppé net par une tombe : Darko, un enfant mort à l’âge de trois ans, au regard si triste qu’il m’a fendu le cœur (chaque tombe à la photo du défunt en médaillon). Là, d’une façon surprenante, il m’est monté une rage inexplicable.
Pendant qu’eux étaient tous à se recueillir sur la tombe du père (vedette) Slavko, ce pauvre gosse, lui n’avait rien sur sa tombe que deux vieilles fleurs toutes fanées. J’ai ramassé des lys bleus qui poussaient aux alentours du cimetière et les ai déposés sur sa tombe, ainsi qu’une bougie. J’ai quitté la tombe en disant : « Salut mon ami, au moins les gens jetteront un regard et auront une pensée vers toi. » Je ne connais pas ce gamin, mais lorsque je suis parti, j’avais des larmes plein les yeux.
Plus tard vers 17h, j’ai conduit ma femme à la messe. Comme d’habitude, après cinq minutes je l’ai quittée pour aller boire un café. Encore un fait inexplicable : je me suis retrouvé au cimetière sans savoir comment j’y étais arrivé. Des passants sont venus me réconforter croyant que j’étais le père de l’enfant tellement je pleurais. Le pire, je n’arrivais palus à me contrôler. J’ai senti le besoin d’en parler à quelqu’un. Il y avait une sœur qui écoutait de loin la prédication de la messe avec sa radio. Je lui ai expliqué ma douleur incompréhensible. On aurait dit que quelqu’un me tordait les boyaux à l’intérieur. Elle s’est mise à pleurer en m’expliquant qu’elle venait de perdre un neveu qui souffrait d’une leucémie.
On s’est quitté tout triste, mais heureux. Moi, je souffrais atrocement à l’intérieur, comme si j’avais avalé une partie de la souffrance de cet enfant.
Je l’ai donc quitté pour de nouveau me retrouver au cimetière. Je ne sais pas prier mais je me sui retrouvé (inexplicable) avec un chapelet dans les mains. Je lui ai dit une prière à ma manière et je lui ai accroché le chapelet à son médaillon. Quand je suis parti, j’ai regardé la photo et j’ai l’impression qu’il m’a souri...
J’en ai parlé au père Hubert qui m’a dit que lui aussi avait été interpelé par cette tombe et la tristesse du gamin.
Vendredi, c’est le tour de la colline des apparitions. Comme il pleuvait, je suis monté sans ma femme. (Je ne souhaitais pas la ramener sue un brancard avec ces cailloux si glissants...) Là, sur les rochers à l’écart, j’ai déposé une grosse pierre où j’ai écrit le nom du gamin. A l’endroit où j’ai mis ma pierre, il y avait un trou, comme si on avait foré dans le rocher pour y mettre des fleurs, ce que j’ai fait. Je suis redescendu des rochers tout heureux d’avoir fait quelque chose de bien pour ce gamin.
C’est à ce moment-là que le père Hubert est arrivé et m’a demandé si les fleurs étaient pour le gamin. J’ai dit oui.
Gentiment, comme un ami, plus qu’un curé, il m’a conseillé de me confier à la Vierge comme je l’avais fait pour mon « ami ». Je me suis assis à côté de lui et j’ai commencé à pleureur come une gosse. J’étais tellement gêné que je suis parti me mettre à l’écart. Il m’a laissé un moment seul puis est venu me rejoindre. Je me rappelle lui avoir dit que ce n’était pas juste et ensuite comme un robot qu’on ne sait plus arrêter, je lui ai raconté 50 ans de ma vie, 50 ans de souffrances morales et bien plus encore que je n’avais jamais dites à personne, tellement elles étaient pénibles pour moi.
Miracle ! Depuis ce jour, je me sens léger et n’ai plus la moindre haine envers ma mère et le reste de ma famille. Que Dieu bénisse le père Hubert et sa bonté.
Le vendredi soir, avant de repartir je suis allé dire au revoir à mon ami Darko. J’ai l’intime conviction qu’il n’y avait plus autant de tristesse sur son visage et qu’il m’a souri. M’a-t-il souri parce que je l’avais aidé ou parce que lui m’avait délivré de ma souffrance ? Je ne le saurai sans doute jamais, mais j’aime à croire que nous nous sommes aidés tous les deux dans notre souffrance.
Le samedi nous avons repris le car ou chacun a pu témoigner ; ce que j’ai fait avec la plus grande joie ne fut-ce que pour remercier le père Hubert qui restera un ami, un père et un confident.
Le dimanche, le pèlerinage se termine et les premiers à descendre du car s’apprêtent. C’est à ce moment-là qu’on a vu tourner le soleil. Pour moi, c’était les carreaux, le reflet ou quelque chose de semblable. Voyant que le phénomène durait, je me suis quand même posé des questions.
Arrivés à Banneux, certains ont vu la Belgique, un cœur, des couleurs dans le soleil. Je me suis dit : « Aïe, la folie collective avant de rentrer ! » Je n’ai donc plus regardé le soleil, mais voyant que ma femme regardait encore, j’ai regardé à nouveau.
Je dois avouer qu’il m’en faut beaucoup pour me faire taire, mais ce jour-là je me suis fait tout petit, petit et je n’ai plus rien dit pendant longtemps. Car, ce que j’ai vu est incroyable pour un mécréant comme moi. J’ai vu la Vierge avec l’Enfant Jésus dans ses bras !...
Aujourd’hui, la vie a changé pour ma femme, pour ma fille à qui j’avais peur de montrer mon amour paternel et pour moi-même qui vivait entre quatre murs de rage et de souffrances morales. Merci Marie qui est au centre de tout cela : c’est Elle, paraît-il, qui nous invite. Michel.
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