A Garabandal, la nouvelle Eve s’adresse à l’humanité. Elle apporte un message de salut. Non pas qu’elle se substitue à l’Eglise ; elle la personnifie : les enfants de l’une sont les enfants de l’autre. L’une et l’autre atteignent à une maternité cosmique. C’est pourquoi le message est universel.
Elle a comme serviteur, le serviteur même de Dieu, Michel. C’est donc que là se joue le sort de l’humanité prise en bloc, de cette Humanité que Dieu Père veut atteindre en la maternité et par la maternité de son épouse mystique, Marie, figure (combien dynamique et combien précise) de l’Eglise et nouvelle Eve. Là, également, Marie apparaît comme la Femme-Eglise.
Associée, par une grâce gratuite, à Dieu Père pour fonder la race nouvelle. Elle renverse, répare la scène du paradis terrestre : Eve est devenue celle qui arrache les hommes à la tentation, celle qui répercute la voix de Dieu, celle qui transmet le message, au lieu d’induire en tentation. Faible, mais la force de Dieu est à sa disposition : Michel. Jeune de toute la jeunesse de son innocence immaculée. Belle avec la lumière dont Dieu souligne et éclaire sa splendeur.
De Dieu d’abord, et c’est pourquoi elle porte Jésus dans ses bras. Un Jésus qu’elle a le droit maternel de faire toucher, voire de « prêter » de faire embrasser.
Des hommes, ensuite, auxquels elle s’adresse dans une intense préoccupation de leur salut. Elle se déclare Mère de tous les hommes, même des pécheurs. Elle veut le salut de tous. Elle les appelle tous sous son manteau : « Il est bien petit, ton manteau », lui dira Conchita.
La Mère Marie s’identifie dans son rôle, avec des charismes miraculeux, à la Mère Eglise. On l’atteindra à travers un immense amour, une familiarité enfantine, une tendresse émue.
Comme l’Eglise par surcroît. Car pour Jésus, bien sûr, mais aussi pour tous ses autres fils, la maternité au lieu « d’entamer sa virginité l’a consacrée » (liturgie). En effet, Jésus et les hommes « devenus enfants de Dieu sont nés non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jn 1,13).
Et c’est avec l’Eglise (avant l’Eglise) comme type de l’Eglise, en l’Eglise et sur l’Eglise que Marie exerce cette « virginité féconde, fécondité virginale ». Dieu est Père par une création toute pure, sans division de Lui-même. Quand Il crée en Marie ses Fils, Il la fait Mère à l’intérieur de sa virginité, sans que rien n’en atteigne les formes, n’en force les limites, n’en sacrifie les exigences, n’en ternisse l’éclat.
« Ah ! Que tu es Immaculée ! » soupirera un jour Conchita.
Marie est Mère d’une façon d’autant plus plénière qu’elle l’est par Dieu seul, dans le miracle d’une prodigieuse fécondité que lui a valu, sans l’intervention de l’homme, la vertu du Très-Haut la couvrant de son ombre » (Lc 1,35), c’est à dire le Saint Esprit venant sur elle à l’Annonciation et à la Pentecôte.
Marie l’est aussi. Ses privilèges uniques la sacrent telle. Au-dessus des hommes, puisqu’elle est leur Mère. Au-dessus des anges puisqu’elle est la Mère de leur Roi.
Dès lors, les premiers conjugueront l’insigne faveur d’être ses fils et d’être ses sujets, comblés à ce double titre de la grâce qui la couronne. Les seconds seront ses serviteurs, les princes de sa cour, gardiens et défenseurs de sa famille.
Marie est tellement « maîtresse de sa couronne » qu’elle pourra la « prêter », laisser des petites filles sans complexe l’essayer et se piquer maladroitement à une des étoiles qui en composent les fleurons.
A Garabandal, la Vierge apporte un message lapidaire, sans bavure, décisif. C’est une analyse de la situation, un diagnostic de l’Eglise, une vue cosmique de l’humanité.
En même temps, Marie nous révèle la cure, le remède. Certes, rien de nouveau. Il n’est que d’aller voir l’Evangile : d’une part, la parole, faut-il dire désabusée de Jésus (Lc 18,8), d’autre part, les trois consignes qu’Il donne (Lc 18,1 ;13,3 ; Mt.5,48) :
- Prier le chapelet,
- Faire pénitence,
- Etre bons.
Les trois conditions de salut. Mais les a-t-on oubliées ces conditions !
Le matérialisme subtil, sous l’avatar d’un sociologisme découronné, par son activisme naturaliste, ne met-il pas en péril l’Eglise en tant que Royaume de Dieu ?
Or, la Vierge nous rappelle à Garabandal, le sens d’éternité de la vie chrétienne. Elle vient au secours de notre sens eschatologique défaillant. Situant le mal où il est, elle indique le remède. Son cri est un appel angoissé de Mère ; un cri d’alarme solennel. Le dernier peut être avant la catastrophe.
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