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La jeunesse de Ignace

Origines familiales
Il naît au château de Loyola, situé dans le quartier de Loiola à Azpeitia, localité située à 25 km au sud-ouest de Saint-Sébastien dans le royaume de Castille, sous le règne d'Isabelle Ire (1451-1504), épouse du roi d'Aragon Ferdinand II (1452-1516), tous deux appelés les rois catholiques d'Espagne à partir de 1496.
Son prénom de baptême, Iñigo, est d'origine basque, et lui vient de saint Eneko. Par la suite, il utilisera le nom latin d'Ignatius adopté lors de son séjour à Rome et retenu par la postérité.
Issu d'une famille de petite noblesse basque, qui soutient traditionnellement la maison de Castille, il est le fils de don Beltrán Yáñez de Oñaz y Loyola et de son épouse, Marina Sáenz de Licona y Balda, et est le benjamin d’une fratrie de treize.
Il a seulement sept ans quand sa mère meurt. Il noue alors une relation forte avec son père, qui meurt quand il en a quinze.
Il connaît l’éducation du grand siècle espagnol qui éclot en cette fin du XV ème siècle.

Débuts à la cour (1506-1516) sous le règne de Ferdinand d'Aragon
Ignace quitte Loyola en 1506 et devient page à la cour de Ferdinand le Catholique, qui est alors roi d'Aragon et régent du royaume de Castille au nom de sa fille Jeanne, dite « la Folle », veuve de Philippe le Beau.
Devenu gentilhomme à sa majorité, Ignace entre comme secrétaire au service d’un parent de sa mère, Juan Velázquez de Cuéllar, trésorier général du royaume de Castille. Comme il le dit dans son autobiographie, il mène pendant dix ans la vie des courtisans : « Jusqu’à la vingt-sixième année de sa vie, il fut un homme occupé aux vanités du monde et principalement il se délectait dans l’exercice des armes ». Il se lie d'amitié avec l’infante Catherine de Castille, fille de Jeanne, qui, en raison de ses problèmes de santé, est assignée à résidence par Ferdinand dans un couvent de Tordesillas.

Sous le règne de Charles Quint : dans l'armée de Navarre (1517-1521)
En 1516, la mort de Ferdinand d’Aragon, à qui succède de fait son petit-fils, Charles de Habsbourg, entraîne le renvoi de Juan Velázquez et l’éloignement d’Ignace.
En 1517, Ignace entre dans l’armée du duc de Lara, vice-roi de Navarre, le royaume de Navarre ayant été envahi en 1512 par les armées de Ferdinand et annexé au royaume de Castille au détriment de la dynastie légitime, les rois de la maison française d'Albret, aussi détenteurs de la vicomté de Béarn et du comté de Foix.
En 1520, Charles de Habsbourg (Charles Ier de Castille et d'Aragon), est élu empereur sous le nom de Charles V, Charles Quint. En 1521 commence la sixième guerre d'Italie, qui oppose Charles Quint au roi de France François Ier. Les armées françaises attaquent notamment en Guipuscoa à Fontarrabie, qui est occupée, et en Navarre à Pampelune, capitale du royaume. François Ier souhaite en effet que le roi déchu, Henri II de Navarre, récupère la partie sud de son royaume (la Haute-Navarre).
Ignace de Loyola est présent à Pampelune durant le siège. Le 20 mai 1521, alors que les défenseurs sont sur le point d'être submergés par le nombre et envisagent la reddition, Ignace les exhorte à poursuivre le combat. Il est alors gravement blessé, avec une jambe brisée par un boulet de canon.
Il est ramené au château de Loyola et opéré, mais, à l'issue de sa convalescence, sa jambe droite reste sans remède plus courte de plusieurs centimètres, ce qui met fin de façon irrévocable à une carrière militaire.

Convalescence
Durant sa convalescence, faute de disposer des célèbres romans de chevalerie du temps, il lit des livres religieux, comme une Vie de Jésus en quatre volumes de Ludolphe le Saxon ou la Légende dorée de Jacques de Voragine, ouvrage richement illustrée qui narre les faits et gestes de saints. Dans un mélange de ferveur et d’anxiété, ayant vu lui apparaître en rêve « Notre-Dame avec le Saint Enfant Jésus », il rejette « sa vie passée et spécialement les choses de la chair».
Il ne pense plus qu’à devenir ermite et à suivre les préceptes de saint François d'Assise et d’autres grands exemples monastiques. Il décide de se dévouer entièrement à la conversion des musulmans de Terre sainte, avec l’intention de tous les convertir au christianisme. En signe d’expiation, il veut partir en pèlerinage et toute sa vie, recherchera les sites consacrés à la dévotion chrétienne et devenir un pèlerin dans la tradition du Moyen. « Le pèlerin » : c'est le titre qu'il donnera à ses souvenirs, dictés à Luis Gonçalves de Camara à la fin de sa vie.
Assez bien rétabli, il quitte la maison familiale en février 1522 dans l'intention d'aller à Jérusalem.